Comment tout ça a commencé ! ; ))
Dimanche 15/09
A bord d'un Lyon-Marrakech (vive les escales...)
Musique d'ambiance avant le décollage : Lawrence d'Arabie !
Je me vois déjà à cheval dans le Maroc aride et désert du Sud...
Le commandant de bord a dit qu'il y aurait "quelques turbulences par ci par là, juste pour vous rappeler que vous êtes dans un avion." Il fera 30°C à notre arrivée à Marrakech. Vous reprendrez bien un peu d'été, petits français ?
Lundi 16/09
6h15, réveil en fanfare. Des nuées de klaxons, ça restera ma première impression de Marrakech. Des sifflets intempestifs, aussi. Plus tard, en regardant par la baie vitrée, je comprends mieux : changements de file surprise, piétons qui traversent tranquillement au milieu du flot ininterrompu de véhicules en tous genres - taxi-Mercedes, mobilettes rafistolées, vélos, carioles...
Départ pour Ouirgane, à 60km de Marrakech. Après des kilomètres de route poussiéreuse et un premier contact avec les paysages asséchés, voici Ouirgane, au pied des montagnes.
Nous déjeunons sous l'ombre délicieuse d'un olivier, assis sur des matelas autout d'une natte (ce sera désormais, pour 15 jours, notre unique façon de prendre nos repas.) Les chevaux sont tous là, pas obèses mais en forme, des entiers plutôt athlétiques. On m'attribue un bai brun qui gratte la poussière sans arrêt, créant autour de lui des tornades qui piquent les yeux. Premier éclat de rire au passage d'un petit âne disparaissant presqu'entièrement sous son chargement de paille... dont ne dépassent que 4 minuscules pattes.
Mardi 17/09
Nuit dans une forêt. Les chevaux s'ébrouent à intervalles réguliers. Troublant appel à la prière à 4h47, venu de nulle part et s'éparpillant en échos brumeux.
Puis le soleil se lève et ses rayons percent les arbres, formant des rais de lumières irréels.
Première grande étape de ce raid, au milieu de pistes de sable rouge. Fin d'étape au galop à flanc de montagne, attention aux virages !
A midi nous pique-niquons à Agouni devant un panorama digne de l'Ouest américain, et chacun peut donner des nouvelles à ses proches car les portables captent mieux que n'importe où en France. Ils sont forts ces berbères!
Une fois repus par la salade de crudités et le pain (khobz), nous savourons un thé à la menthe tout en contemplant tour à tour le panorama 180° et nos chevaux en pleine sieste. Depuis cette nuit, le vent souffle fort, au loin. On l'entend passer entre les montagnes, dans les couloirs des vallées. Ce vent est une bénédiction, avec la chaleur sèche. Tout le monde a l'air bien en selle et déjà acclimaté au Maroc. On a l'impression d'être là depuis une semaine !
...
Visages berbères burinés, tannés, sur le pas d'une porte ou à une fenêtre. Toujours dire bonjour, salam aleikoum. Les enfants nous sourient, ravis semble-t-il de voir passer la caravane.
1h30, l'appel du muezzin, au milieu du vent, est-ce un rêve ?
On lève le camp doucement, on aide le cuisinier et le chauffeur à porter les plats et ranger nattes et matelas, ils sont à l'oeuvre du matin au soir pour nous, les 8 petits rois. Très belle étape l'après-midi, paysages de grands espaces, ombre des nuages sur les montagnes arides puis, au détour d'une colline, des vallonnements de terre rouge. Est-ce l'Ouest américain ou la Cappadocce turque ?
On passe à côté des salines, où des hommes puisent de l'eau qu'ils déversent dans de grands bacs de pierre. L'eau s'évapore en quelques jours (selon la météo) et on recueille la fleur de sel.
Fin d'étape, un trot se transforme en galop (comme souvent avec nos guides Ibrahim et Abdou), mais cette fois c'est parti, ventre à terre, pour quelques dizaines de secondes d'extase.
Il faut tenir les chevaux, le mien n'attend qu'une occasion pour sortir de la file et prendre le large, je sens qu'il trépigne. Ces entiers, toujours en pleine compétition ! Heureusement que nos guides nous ont crié de faire attention aux virages car les chevaux se couchent à droite, puis à gauche, et il faut rester bien dans l'axe...
On s'arrête tant bien que mal, on souffle, le sourire jusqu'aux oreilles. On a entendu le vent siffler !
Ce soir nous bivouaquons sur les hauteurs, dans une clairière au milieu du maquis. Montage de la douche à ciel ouvert, avec son sol en planche (très efficace !) La nuit tombe très vite et les derniers se douchent dans le noir et cherchent leurs chaussettes propres une lampe de poche calée entre les dents.
Les tentes caïdales étaient déjà montées à notre arrivée, et c'est à l'abri que nous dégustons un délicieux tagine de poulet préparé par Abdeslem le cuisinier. Le froid de la nuit est tombé très vite, mais la soirée se prolonge autour de la lampe à gaz, avec jeux, devinettes, puis, pour finir, une discussion qui roule sur la théologie, le destin, l'Islam, les prénoms musulmans, pour parvenir enfin aux deux prénoms berbères les plus courants, Ahmed et Fadma.
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