Jeudi 14 octobre 2004
Pique-nique au pont d'Oulad Merzoug sur le Dadès
Bivouac à Sidi Flah (1195 m)
C'est la journée "Dadès" ! Nous longerons le fleuve jusqu'au soir.
Nous alternons la marche dans l'eau qui fait du bien aux jambes des chevaux, et la marche sur les rives sablonneuses ou les galets. Nous arrivons près d'une gorge, où l'eau a l'air profonde. Renseignement pris auprès des bergers juste à côté, ça passe& ou pas ! Nous faisons donc un détour par la colline rocailleuse, c'est plus sûr. Escalade sur sol schisteux, qui accroche bien heureusement, mais nous gardons le nez dans la crinière, le centre de gravité au plus près de celui de notre monture. Descente de l'autre côté, accidentée aussi, étrange bruit clair des sabots sur la roche. Il paraît que ce type de roche use beaucoup les fers, comme une pierre ponce.
Par endroit le Dadès s'étale largement, et sur quelques dizaines de mètres nous galopons comme dans une grande flaque. A part Abdou qui est devant, tout le monde se fait asperger. Abdou sait aussi faire trotter Farouk pour qu'il éclabousse le cheval de devant. C'est très efficace quand l'eau est peu profonde.
Des sables mouvants par endroit, très impressionnants, mais heureusement visibles.
En traversant la rivière ici et là, nos chevaux s'enfoncent parfois dans la boue ou marchent dans un trou, et paniquent un peu.
On approche de Skoura. Albinos tire à gauche et si on lui laisse les rênes, part directement vers la palmeraie. Il doit se demander pourquoi un tel détour !
Nous parvenons à Oulad Merzoug et pique-niquons près du pont. Ici non plus le Dadès ne remplit pas son lit mais forme des petites rivières plus ou moins rapides.
Sur les berges de terre et de sable, des cultures au millimètre, luzerne, grenadiers, figuiers, oliviers, palmiers, et des seguias qui irriguent le tout. Avec des fuites, qui forment de minuscules cascades sur les parois de terre en contrebas.
C'est notre dernier pique-nique, nous comptons bien en profiter !
A l'ombre d'un figuier qui diffuse doucement son délicieux parfum, nous déjeunons sous l'Sil curieux des jeunes berbères qui passent, qui sur le dos d'un âne, qui à pied avec son cartable. Il faut dire que nous mangeons dans des assiettes en métal avec des couverts& pas très marocain !
Le dessert est tout trouvé, les grenades sont à portées de main, éclatées sur leur arbre. Il paraît qu'il faut les choisir après explosion, c'est comme ça qu'elles sont mûres. Le fruit est très bon pour l'estomac, nous dit-on.
Pendant qu'Abdou et Mohcine font une lessive berbère dans la rivière, je place un caillou sur un petit morceau de polystyrène qui se trouvait là, et mets à l'eau l'embarcation précaire - et peu écologique, je sais. Surprise ! Il flotte, tranquille, se retrouve coincé, repart à la faveur d'un courant, et se balance sur les flots jusqu'à ce que je le perde de vue.
En selle ! Nous voilà repartis. Nous quittons l'oued Dadès, pour traverser des montagnes aux roches brunes et noires, comme volcaniques.

Abdou joue de plus en plus à "Al Pacino& trotte !" : le jeu consiste à commander Al Pacino à la voix quand il a pris un peu de retard. Sa cavalière ne peut presque rien, Al Pacino connaît son maître !
Mais elle finit par réussir à résister, et à garder Al Pat' au pas.
A propos de changements d'allure, Abdou ne peut jamais dire tout fort "on va trotter !" Sinon il a à peine fini la phrase que tous les chevaux sont au trot. Il ruse alors "on va partir au trot". De même s'il se retourne sur sa selle, ce qu'il fait chaque fois qu'il veut partir au trot pour vérifier que tout le monde est prêt, Farouk n'attend pas et démarre aussitôt, anticipant le départ.
Au coucher du soleil, nous abordons Sidi Flah par les hauteurs : vue panoramique sur ce village berbère, et son voisin le village arabe sur la rive d'en face.
Nous traversons Sidi Flah en longueur, saluant les enfants; là-haut sur la gauche, autour de la maison de Dakhla (autre cuisinier de l'équipe), les bras s'agitent et nous répondons.
Arrivée au bivouac, un peu en retrait de l'oued. Des enfants nous ont suivis mais restent à l'écart.
Séance de nattage des crinières et queues, Nicole nous montre la technique. Bientôt, Tag, Al Pacino et Cheb se retrouvent coiffés comme pour la parade. Mais par décence nous leur rendrons leur état sauvage avant de retrouver la civilisation (curieux paradoxe !)
Ce soir c'est la "nuit du doute", le début du Ramadan. Dans la nuit, nos amis berbères se lèveront pour prendre le shour, repas nocturne juste avant l'appel de la prière vers 5h du matin. Mohcine va devoir redoubler ses "deuxièmes mi-temps" !