Azekka.org Azekka.org  
  Traversee octobre 2004 jour 5     


L'ASSOCIATION

 Accueil
 Azekka ?
 Nos Projets
 Notre Charte
 Nos Partenaires
 Mécénat

NOUS AIDER

 Adhérer
 Faire un don
 Voyageur solidaire
 Dons de matériel
 Aider autrement

DECOUVRIR

 Azekka Mag
 Carnets de voyage
 Sur le Maroc
 Galeries photos
 Actus du Maroc

PRATIQUE

 Souk aux questions
 Rechercher
 Sélection de liens
 La Mule/Lettre d'info

CONTACT

 Nous écrire
 Livre d'or
 Parlez-en
 Communication

 Admin


Accueil/Traversee octobre 2004 jour 5
   
La piste des Caravaniers.
Traversée équestre du Haut Atlas
de Marrakech à Skoura.
Du 03 octobre au 17 octobre 2004


V
endredi 08 octobre 2004
Repos à Telouet - Visite de la kasbah de Glaoui
Barbecue au bois de genevrier

Il a fait bien froid cette nuit, vers 3-4 h. Nous voilà tout courbaturés, à force de s'être recroquevillés en boule, en vain, dans nos duvets. Même en calant tous les pulls au fond autour des pieds, rien à faire. Je sors de la tente à 6h30, et file vers la colline, vers les premiers rayons du soleil. Une grosse pierre plate me fait de l'Sil, mais plusieurs scarabées y ont élu domicile.
Les grillons commencent à chanter. Ils sont nombreux ici, on les entend avant de les voir. Suicidaires, ils se promènent près des chevaux. Mais après tout, c'est leur territoire !

Premières caresses aux chevaux, dont le poil est froid, c'est toujours surprenant le matin. On a tellement l'habitude de nos peluches tièdes ! Evidemment, c'est tout une tactique de les approcher sans qu'ils croient qu'on vient pour leur petit déjeuner. Politesse élémentaire du cavalier-randonneur : ne pas faire hennir de concert la cavalerie pendant que les camarades dorment sous leurs tentes.
Un truc ? Simple : éviter de ramasser les seaux à orge à ce moment-là sous prétexte que ça fera gagner du temps pour la suite. Eviter, aussi, de se promener avec un seau. Bref marcher tranquillement, l'air de rien, approcher un cheval sans se presser.

Le soleil grimpe, ses rayons passent au-dessus des montagnes et inondent le plateau de plus en plus généreusement. Il va bientôt cuire les tentes !
Entre notre campement et la colline qui mène à la source, l'herbe est humide et on s'enfonce par endroit. En regardant bien, on peut même voir de petits ruisseaux qui coulent, affleurants, pas plus larges qu'une main d'enfant.

A propos d'enfants, en voici quelques-uns, qui passent sur la colline, un cartable sur le dos. Ils portent souvent une bouteille d'huile en plastique jaune, c'est leur gourde, il n'y a pas d'eau à l'école probablement.
S'ils n'ont plus, comme par le passé, des heures de marche pour aller étudier, le confort des écoliers reste très limité. Et vue l'heure matinale, soit les cours commencent très tôt, soit ils ont de la route à faire.

On prend le temps pour le petit déjeuner, aujourd'hui c'est repos pour tout le monde. A commencer par nos chevaux qui ont droit à une séance de pansage appliqué, dès le matin. On brosse, la poussière vole dans le soleil, on cure les pieds avec soin.

Nous partons ensuite en balade vers Telouet, pour une visite touristique. Passé la colline, le décor devient steppe et nous marchons vingt minutes dans la caillasse. On se croirait dans les environs de Skoura, alors que derrière nous, pas si loin, c'était encore le Haut Atlas. Pourtant nous n'avons pas quitté la montagne : le Maroc, mille paysages dans un mouchoir de poche !

Telouet, ses touristes (en short), ses restaurants et bazars à touristes, ses constructions modernes, mais avec le style de l'ancien (ça c'est bien !) Nous avons retrouvé le goudron, et avec lui les 4x4 qui nous dépassent, un vrai défilé. Arrivés à la kasbah du Glaoui, nous devons nous ranger en file indienne tant il y a du passage.
Le Glaoui ? Thami al-Glaoui de son vrai nom, originaire de Telouet, fut le dernier grand seigneur féodal du Maroc pendant l'ère coloniale, il vivait fastueusement, et a laissé en héritage de très belles kasbahs comme celles de Tamdakhte et de Telouet.
Telouet était située sur la piste des caravanes (avant la construction de la route du Tichka), et constituait un passage obligé, assorti de lourdes taxes : 30% !

La visite de la kasbah nous apprend qu'elle n'est plus entretenue depuis 1956, date de la mort du Glaoui, à partie de laquelle est n'a plus été habitée. Marbres précieux d'Italie, stuc, vrai zellige comme on n'en fait plus beaucoup (avec des morceaux si minuscules qu'ils devaient les poser avec une pinde à épiler, pas possible autrement !) La vue de la fenêtre principale, photographiée dans tous les guides touristiques, est effectivement majestueuse : les jardins, le terrain de fantasia juste là (le Glaoui, assis à la fenêtre, prenait le thé en regardant courir les chevaux), les montagnes au loin, une vue imprenable sur la plaine et les éventuels visiteurs hostiles. En plein sur la piste des caravaniers, on comprend que ceux-ci ne pouvaient pas échapper au "péage" glaoui !


On laisse au guide de la kasbah un pourboire "à discrétion", car la visite n'est pas payante, du moins, rien d'imposé.
Dehors, les écuries immenses, en bois : Abdou nous raconte que lors de la "Traversée" précédente, ils sont passés à Telouet en coup de vent et à cheval, sans journée de repos, et ont pu attacher les chevaux dans les écuries du Glaoui. Aujourd'hui, elles ne sont même pas visibles tellement les gros 4x4 ont investi l'ombre du bâtiment, collés aux portes.

Nous prenons un thé dans un café non loin, il diffuse une musique berbère (Izenzarn) et a de vrais toilettes, à l'européenne, quel choc !
Nous repartons bien vite vers notre campement. Au passage, admirons le travail de dizaines d'ouvriers sur un bâtiment, comme des fourmis, au sol, sur le toit, faisant la chaîne pour monter des seaux de ciment, il ne faut pas que ça sèche.

Bruit de course et de cris : une mule blanche a cassé (ou rongé ?) sa corde, et file de son galop raide vers la route. Aucune voiture heureusement. Le propriétaire la suit tant bien que mal, avec un bâton. Bonne chance ! La mule s'arrête puis repart, elle profite. Quand elle s'arrête dans un champ, à quelques dizaines de mètres, Abdou s'approche lentement. La mule reste immobile. Mais repart bientôt de plus belle. La course poursuite dure encore un peu, mais la bête pas folle sait où elle peut dormir et manger en sécurité, et rentre au bercail.

Nous quittons Telouet en traversant le souk, désert comme tous les souks quand ce n'est pas le jour. Fers de mule, brins de laine et plumes, papiers qui voltigent dans la poussière, on entendrait presque le vent siffler.
Retour par la steppe, plein soleil et plein vent.

Les cartables repassent dans l'autre sens; beaucoup d'enfants n'ont cours que par demi-journées.
Certains passent près du campement. Pas de contact direct, ils s'éloignent puis s'arrêtent à 20 - 30 mètres, et nous observent. Une main se lève, fait un signe. On répond. Les autres suivent. C'est un peu "rencontre du troisième type" avec ces jeunes berbères. Le jeu dure et dure encore, coucouuuuuuu ! Abdeslem leur dit de rentrer chez eux, alors ils s'éloignent de 10 mètres, se retournent, et recommencent. Coucouuuuuuuu ! Ils se gondolent de rire, on les voit se plier en deux. Ils doivent nous prendre pour les martiens. Ou pas !
Je finis par faire le test de l'appareil photo, alors qu'ils ne sont plus que de petites taches de couleur, sans qu'on puisse distinguer les traits. A peine l'appareil sorti, ils décampent en poussant des cris aigus !

Nous consacrons l'après-midi à une lessive, les vêtements attachés aux cordes de la tente sèchent en un temps record, il faut dire qu'ils battent comme des drapeaux et se gonflent comme des voiles, le soleil blanc faisant le reste.

Le vent, que rien ici n'arrête, sèche les yeux et gifle les joues, on s'abrite comme on peut, derrière la tente ou le camion.

Fin d'après-midi. Nous refaisons à Tag la blague du hennissement inconnu avec le téléphone portable d'Abdou. Tag a le nez dans son seau d'orge, c'est pile le moment où en général, si l'on s'approche, il lève le nez, prend un air mauvais avec les naseaux retroussés et l'Sil bien noir, balance la tête de haut en bas l'air de dire "m'embêtez pas quand je mange."

Mais quand retentit le hennissement inconnu, il lève la tête brusquement, la bouche encore pleine d'orge avec les grains qui tombent, les oreilles pointées en avant, les yeux écarquillés, et après quelques instants il se met à hennir de toutes ses forces. Il a la bouche un peu ouverte et les naseaux qui vibrent. Les autres chevaux, pareil, une vraie fanfare.
(C'est vraiment la chose la plus drôle que j'aie vu depuis longtemps, si seulement j'avais pu la filmer !)

Quand nous emmenons les chevaux boire à la source, en longe, c'est un vrai moment de liberté. Les chevaux ne sont plus les mêmes, légers, ils semblent danser, la tête haute et le pas vaillant. Il y a un petit fossé au milieu de la colline, nous le sautons, et les chevaux aussi, à notre suite. Au retour, Abdou laisse Farouk rentrer tout seul, la longe sur l'encolure. Mais Farouk s'arrête devant le fossé et ne saute pas. Alors Abdou s'approche et l'encourage, mais d'un coup Farouk saute, part au galop, et au lieu de suivre ses camarades, pique à droite en suivant la colline, tout seul. Quel plus beau spectacle que cet alezan totalement libre, galopant sur la crête, la queue en panache ?
Abdou l'appelle d'une voix forte mais calme "Farouuuuuk !!"; il siffle; l'étalon prend un virage, ralentit, se rapproche, et revient au petit trot à son point d'attache.
Pendant son escapade, les autres, déjà "au piquet", s'agitaient, hennissaient, forcément un peu jaloux.

Abdeslem a cherché en vain du charbon de bois pour les grillades. Il n'en a pas trouvé dans tous les villages alentours. Et pas question de prendre du bois dans la nature, il pourrait se faire pincer par les gardes forestiers ! Finalement il a frappé à une porte dans un village. On lui a vendu une bûche de genevrier, et des branches plus petites. Le bois roux est très parfumé, comme du thuya. Quand il brûle, c'est encore meilleur ! Genevrier& c'est le nom de Tag : Tag, en berbère, veut dire "genevrier rouge."

Il faut nuit noire. Abdelkebir a creusé un trou dans la terre, bien rectangulaire. Il dispose sur les bords de grosses sardines de la tente kaïdale. A côté, le bûcher de genevrier, attisé par le vent, éclaire la nuit de grandes flammes rouges et jaunes. Une bourrasque et le brasier se couche vers les chevaux, Albinos s'agite autour de son piquet, il doit avoir les crins qui se frisent sous la chaleur. Et un peu peur, surtout.
On calme le feu, et quand il devient braises, on le met au trou, la grille au-dessus. C'est parti pour le poulet grillé, les merguez, et le tagine sous les étoiles !

Au fait étoiles : itrane en berbère, njoum en arabe. Et au singulier, itri, et nejma, comme le prénom.

 


Note
:
   


<<  jour 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 - 08 - 09 - 10 - 11 - 12 - épilogue >>

 

PLAN DU SITE
L'association
: L'équipe | Les partenaires | Les statuts | La charte | Adhérer
Nos projets au Maroc
: Scolarisation - Aide à l'enfance | Education - Accès au savoir | Développement rural | Education au développement | Tourisme solidaire | Environnement | Femmes
Nous aider : Faire un don | Mécénat | Parrainer une collégienne | Offrir un kit cartable | Boutique solidaire, Livres sur le Maroc | Aider autrement
Voyageurs solidaires : Option coup de pouce | Option Rencontre & Compétences | Option Chantiers & Projets | Le Maroc autrement | Tourisme rural au Maroc
Découvrir : Azekka Mag | Carnets de voyage | Nos textes sur le Maroc | Galerie photos | Photos Marrakech | Photos Skoura | Photos Haut-Atlas | Lectures sur le Maroc
Situations au Maroc : L'éducation au Maroc | L'eau au Maroc | La Santé au Maroc | L'énergie au Maroc | La sécurité routière | Cartes du Maroc
Outils & contact : Souk aux questions | La Mule, lettre d'information | Rechercher sur le site | Nous contacter | Dossier de presse | Rapports | Outils webmasters | Livre d'or

  Chercher sur le site

Dernières nouvelles
08/10 - Une rentrée différente

Cette année, l'Etat marocain a décidé de soutenir l'éducation par une immense opération "Un millions de cartables", largement relayée par les medias (lire). La région de Skoura en a bénéficié, aussi les écoliers que nous avions prévu d'équiper en cartables et fournitures... l'étaient déjà !
Les fonds que nous avons réservé à cette cause, seront réattribués à une opération PICALA : doter des collégien(ne)s nécessiteux de VTT pour aller au collège.

 



* 26/09 - AG 2008 d'Azekka
* 23/09 - Lire à Ouarzazate, dernière ligne droite
* 01/09 - La rentrée en kits
* 24/08 - Projet pour les femmes
* 20/08 - Jardin d'enfants Danaé, bientôt !
* 20/07 - Un Zigo Voyage réussi
* 23/07 - Greenday 2009 en marche
 >Toutes les nouvelles

 
 

AZEKKA France-Maroc - 2003-2007 [V 2.0] propulsée par artiphp 2.0 - Crédits