Mardi 12 octobre 2004
Pique-nique à Tasselmante (1280 m)
Bivouac à l'oasis Naga ("la chamelle") (1190 m)
Lever de soleil inoubliable, lumière rasante sur les cailloux. Les chevaux se couchent les uns après les autres, pour se profiter de la chaleur nouvelle.
Un berger vient faire boire ses moutons. Pour l'instant il n'est qu'avec des chiens et prépare le puits, en puisant l'eau qu'il verse dans les réservoirs. Quand les moutons seront là, il ouvrira les vannes et l'eau ira se répartir dans les deux abreuvoirs sur les côtés.
Ce matin nous traversons des plateaux désertiques (qu'on appelle hamada), le sol est jonché de cailloux, avec parfois un chemin. Les seules plantes qui poussent ici sont des petites touffes pas très hautes, en majorité de l'Alfa (Stipa tenacissima), de l' Haloxylon scoparium et autres graminées désertiques. L'alfa qui sert à faire les chouari, paniers des mules, à tresser des sandales, nattes, corde, papier, et autres objets de la vie courante. On dit que là où l'alfa cesse, commence le désert.
Arrivés au bord d'un ravin, nous découvrons ébahis un rocher qu'on dirait emprunté aux Rocheuses de l'Ouest américain ! Nous passons à côté, avec la tentation de monter tout en haut, il y a un chemin dirait-on. Mais le temps manque.
Encore du caillou, des étendues sans limite, où l'on sent qu'il faut mettre un cap comme en pleine mer car aucun sentier n'est tracé. On se repère alors aux montagnes dans le lointain.
Puis, voilà un village. Cette fois plus de doute, nous approchons de Skoura, on reconnaît l'architecture de la région, et les palmiers ont définitivement remplacé les arbres de l'Atlas.
A partir d'ici, nous marchons sur les dernières étapes du raid des "Cavaliers des kasbahs".

A midi, nous passons à côté du bivouac de luxe de ?????????
puis traversons le village de Tasselmante et pique-niquons au bord de l'oued Assif n Izerki. Des femmes font la lessive sur l'autre rive. Nous nous installons à l'ombre d'un olivier. Endroit parfait pour la sieste !
L'après-midi, nous longeons de loin la route P29 qui passe par Ghessat et rejoint la route P32 qui relie Ouarzazate à Skoura.
Ghessat est loin derrière nous, au pied des montagnes, reconnaissable à son antenne GSM sur une colline. Nous passons le village de Tiflit, sur notre gauche, avant de rejoindre Tidghist où il y a des studios de cinéma.
Le lac articifiel de Ouarzazate est maintenant bien visible, mais encore loin.
Après avoir traversé Tidghist, sa palmeraie, le village, nous piquons plein Est et atteignons notre halte, la palmeraie de Naga (naga signifie la femelle du dromadaire), quelques bouquets de palmiers perdus au milieu du désert. Nous sommes seuls, le gardien des lieux n'est pas là. L'endroit est vraiment magique.
Chaque cheval est attaché à son palmier - il faut faire courir une corde autour du tronc, et y nouer la longe, cette dernière étant trop courte pour faire le tour !
Nous allons au puits, sorte de fosse où pousse un figuier, faire une lessive, Nichola, Mohcine et moi.
Mohcine est obligé de descendre à l'échelle pour aller remplir le seau, car la paroi du puits est convexe, empêchant le seau de remonter tout droit.
Le linge est ensuite mis à sécher sur des arbustes, habillés pour l'hiver, drôle de personnages qui feront peur en pleine nuit aux victimes d'envies pressantes !
Pas mal d'insectes ici, Abdou adopte un scarabée et le met dans sa poche tandis qu'il frappe le bidon pour donner le rythme aux chants berbères. Plus tard, alors que nous sommes dans nos sacs de couchage, Mohcine sort faire un tour avec une lampe à gaz. Il revient, une demie bouteille d'eau à la main, la renverse sur la natte juste devant nous et& nous ne faisons qu'un bond hors des duvets, avec un cri aigu ! Le crapaud semble hausser les épaules sur la natte d'où il nous regarde.
Cette nuit encore le ciel est saupoudré d'étoiles brillantes. Abdou met la tête dehors, la chant des étoiles est trop fort, on voit le reste du sac de couchage glisser, disparaître sous la bâche, vers l'extérieur. Et qui aura mal à la gorge demain matin ?