La question de l'eau au Maroc
Au Maroc, aujourd'hui, une partie de la population rurale n'a toujours pas accès aux ressources fondamentales : l'eau potable et d'irrigation, l' électricité, les voies de communication et les centres de santé.
Faute d'investissements suffisants, une minorité d'habitants du Maroc rural n'est pas encore desservie par des équipements de qualité.
Ainsi, 18% seulement de la population rurale possède un raccordement à l'eau potable du réseau publique (contre 83% en milieu urbain),
42% s'approvisionnent à l'eau du puits, et 11% à une borne-fontaine.
[Source : Rapport PNUD Maroc, 2005]
Cependant, les progrès accomplis par le programme PAGER (Programme dApprovisionnement Groupé en Eau Potable des Populations Rurales) sont rapides, puisqu'ils ont amené le taux dapprovisionnement rural de 14 % en 1995 à 61% en 2004 - il s'agit de la proportion de la population branchée au réseau ou ayant accès à une source d’eau salubre, réseau publique ou borne-fontaine.
Le Maroc vient de connaître plus de dix années de sécheresse, et les sources dans lesquelles puisaient les habitants des douars isolés sont parfois taries. Il faut parfois des heures de marche pour se rendre à la source la plus proche, en été.
Une fillette sur son âne, c'est moins joli quand on sait qu'elle mettra deux heures aller-retour sous un soleil de plomb pour quelques litres d'eau.
Le climat irrégulier du Maroc
"Le contexte aride du climat du Maroc est principalement caractérisé par une irrégularité très marquée tant au cours de l'année que d'une année à l'autre, des précipitations ainsi que par l'hétérogénéité de leur distribution. L'alternance de séquences d'années de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse d'intensité et de durée variables est un trait dominant du climat et des régimes hydrologiques du Maroc. "
(source : http://www.eau.ma/index.htm)
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Le manque est aggravé par la gestion irrationnelle des ressources naturelles, et leur dégradation : en puisant sans réserve, les habitants de douars isolés ont eu un matin la surprise de trouver la source à sec.
Que faire ?
Aider les efforts de l'Etat, des collectivités et des ONGs en accélérant la mise en place du raccordement à l'eau (eau courante dans chaque maison, et réseau d'irrigation), responsabiliser et sensibiliser la population au sujet de l'eau.
Lorsque c'est nécessaire, aider au financement de puits ou de réservoirs, comme nous l'avons fait à Idikl : voir le projet.
Mais... il suffit de creuser, non ?
Ce serait trop simple ! D'abord, les nappes phréatiques sont plus ou moins profondes et accessibles en fonction de la qualité du terrain.
Ensuite, plusieurs régions du pays connaissent un affaissement des nappes phréatiques, un assèchement des rivières, et des problèmes de salinisation ou de contamination de l'eau. Il faut donc agir en prenant en compte tous ces paramètres. Et toujours, en concertation avec le Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement.
Comment ?
> Demander les autorisations nécessaires
> Réaliser des points d'eau aménagés comprenant
- un ouvrage de captage (puits, forage, source ou metfia),
- une pompe (à énergie solaire si possible),
- un réservoir,
- des canaux à ciel ouvert, les séguias, pour acheminer l'eau vers le douar.
- des bornes-fontaines par branchement des adductions d'eau existantes appartenant généralement à l 'ONEP ou à créer.
> Mettre en place un système de facturation de l'eau, même symbolique.
> Prévoir des outils pédagogiques pour les familles et les enfants, les aider à prendre de bonnes habitudes dès le départ et à ne pas faire les mêmes erreurs de gaspillage que les Européens !
Quelques exemples :
Pour responsabiliser la population, la commune peut créer une association d'usagers s'engageant à assurer la gestion, et l'entretien des équipements moyennant des recettes provenant de la vente de l'eau. Ce mode de gestion, pratiqué dans certaines localités des provinces de Ouarzazate, de Tata, de Tiznit, de Chtouka Aït Baha et d'El Haouz, a été initié par la population elle-même, parfois avec le concours d 'ONG. Les habitants peuvent également céder la gestion à un gardien-gérant sur la base d'un cahier des charges. Ce mode mis au point par l'ONEP pour la gestion des bornes-fontaines branchés sur les adductions régionales, est également adaptable à la gestion et l'entretien des points d'eau aménagés.
source : site de l'ONEP
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Bénéfices
- Un château d'eau permet de disposer de l'eau quels que soient les caprices climatiques.
- Grâce à l'irrigation des cultures, la production augmente, et des cultures disparues en période de sécheresse redeviennent possibles.
- Le raccordement à l'eau potable permet la réduction des maladies, une meilleure hygiène. A ce propos, une anecdote "amusante" : quelqu'un m'a raconté qu'il ne pouvait pas boire l'eau courante dans les autres douars, car il était aussitôt malade (à chaque douar ses bactéries !)
- Mais aussi, une meilleure qualité de vie pour femmes et enfants qui sont dispensés de la corvée d'eau (ils assurent ce rôle 9 fois sur 10.)
- Les filles peuvent aller à l'école et des emplois sont créés dans les métiers de l'eau !
- Et plus indirectement, l'amélioration de vie dans les régions isolées aide à combattre l'exode rural.
Partage de l'eau
Dans les douars, l'eau de la source est partagée équitablement et à tour de rôle entre les habitants. Après aménagement, des compteurs d'eau individuels peuvent être installés pour une facturation symbolique (mais essentielle à la responsabilisation des usagers.)
Mais que fait l'Etat ?
L'Office National de l'Eau Potable agit depuis 1972 pour donner à tous accès à l'eau.
Le Programme d'Approvisionnement Groupé en Eau Potable des populations rurales (PAGER) a été mis en place en 1995 (année de grande sécheresse.) et a reçu le soutien du PNUD ainsi que de nombreux bailleurs de fonds internationaux. Il doit permettre, d'ici 20 ans, d'aboutir à un taux de desserte de 80%.