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Skoura
Ma première impression de Skoura, fut nocturne.
Les pneus de la voiture glissaient sur la route lisse venant de Ouarzazate, sous un tapis d'étoiles.
Puis soudain, on ralentit, on s'arrête presque, mais non, c'est juste une allure lente de fauve en chasse. Pour nous laisser admirer les ribambelles de palmiers découpés par le clair de lune ?
Non : dans le faisceau des phares, une foule de pierres, galets, caillasses, éclats de roches aux dimensions hétéroclites et aux profils menaçants.
Incrédulité de l'étranger : et on va rouler là-dessus ?
Pour toute réponse, une mobylette nous dépasse, pleins gaz, sans l'ombre d'une hésitation.
La voiture surchargée avance prudemment, pique du nez dans les creux, racle sur les bosses. Le chemin semble interminable, les palmiers se rapprochent pourtant, et bientôt, on retrouve une piste, on entre dans l'oasis, toujours dans le noir.
La surprise fut de découvrir, le lendemain en plein jour, l'étendue de l'oued el Hajjaj, ou plutôt son lit de pierres, ses bancs de sable, que traversent de part en part mobylettes, vélos, piétons armés de patience, jusqu'au passage d'un camion qui les prendra sur son toit ou dans sa benne, pour quelques kilomètres dans la poussière.
Un an plus tard, arrivée par le même vol de nuit, la traversée ne se présente pas sous les mêmes auspices : la pluie a recréé de toutes pièces une rivière au milieu du champ de pierres, ses courbes de plusieurs mètres de large gardent jalousement l'accès de la palmeraie. La lune, surprise de son reflet inhabituel, se cache derrière les nuages.
Nous passerons la nuit sur la colline d'Oulad el Arbia, bercés par le bruit de la pluie et le chant, encore plus irréel, de l'oued en contrebas, roulant sur ses pierres.
Ach galou ? Chta fi arbalou, Skoura walou (proverbe de Skoura)
("Qu'est-ce qu'on dit ? Pluie dans le ruisseau, rien à Skoura")
[KA]
Palmeraie de Skoura
février 2004
dernière mise à jour : 1/11/05
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