Epilogue
Nous pansons nos chevaux, vérifions une dernière fois, sous tous les angles, qu'il n'y a pas de blessure, et allons déjeuner cachés sous la tente en poils de chèvre et de chameau, loin des berbères.
"Ma saymach ?" me demande un ami. "La" ("Tu ne jeûnes pas ?" "Non")
A côté de nous, des touristes pur jus ne se posent pas la question, en pleine comparaison entre les joies de la vie en France et les défauts du quotidien marocain. Nous nous regardons, entre chevaucheurs& bon retour à la civilisation !
L'après-midi nous filons avec Hassan, faire quelques courses à Ouarzazate. Nous achetons fissa les crêpes et pâtisseries du Ramadan (chbakiyya) dans des échoppes en pleine rue.
Le retour prend des allures de course contre le soleil, qui ne nous attendra pas pour se coucher : et nous ne voulons pas manquer l'heure du ftour, rupture du jeûne !
Nous entrons dans la palmeraie alors que le disque orange s'écrase au faîte des palmiers. La piste n'est qu'un nuage de poussière, les mobylettes, vélos, piétons, rentrent chez eux au pas de course.
L'appel de la prière résonne alors que nous entrons dans la kasbah; mais c'est la télévision, calée sur Rabat ! Avec le petit décalage nous attendrons quelques minutes de plus avec les amis, autour de la table dressée dans la cour. Dattes, lait chaud, thé, harira, du pain, et nos pâtisseries : b essha, santé !
- - - - - - Au revoir Farouk - - - - - -
Quelques semaine, à peine, après cette Traversée, Farouk s'est envolé au galop vers le Paradis des chevaux. Victime d'une torsion intestinale, il n'a pu être sauvé; le mal est souvent fatal aux chevaux.
Hommage à cet arabe-barbe de caractère :
A toi l'alezan couleur d'Atlas
Ayyis n tmazirt, aaoud lbled
Toi qui danses de joie en voyant venir l'orge
Qui hennis d'impatience, de ta voix aiguë
Mais qui restes sage quand on te le demande
Toi qui t'amuses des barrières naturelles,
Sauteur né, coureur fou, toujours toujours plus vite
Quand tu bois l'eau claire tu fais des fontaines
Avec malice, du coin des lèvres
Sois le bienvenu au Paradis des chevaux
Mrehba bik laziz fi jenna laaoudan
Que la luzerne soit fraîche, tendre, et à perte de vue
Tkoun lfassa khedra ou bnina ou fi koul blasa
Que les pommes sucrées se balancent, brillantes
Dans ce vert paradis des chevaux enfantins
Que la paille soit chaude pour accueillir tes rêves
Et les belles gazelles courent autour de toi
Ghzalat kayjriou aalik
Comme autant d'étoiles
Zund itrane, bhal njoum
Farouk, Farouk, Farouk,
C'était notre chanson
Kan hadi oughniyyatna
Reçois là-haut nos caresses
On ne t'oubliera pas