Mardi 05 octobre
Pique-nique vallée d'Inezern
Bivouac à Arba' n Tighedouine (souk) vallée du Zat
Le ciel est couvert ce matin, Nicole n'aura pas eu son lever de soleil. Mais il faut dire qu'en face de sa tente, et au-dessus de la vallée, se dresse une barrière de montagnes qui garde jalousement les premiers rayons.
Ciel gris, pluie pour midi ? Abdou nous recommande de prendre avec nous les imperméables. Chacun sort son matériel, capes de cavalier, vieux k-way, imper huilé spécial randonnée. On roule le vêtement et on l'attache au troussequin de la selle, grâce aux petits anneaux. Ça laisse de la place dans les sacoches, pour le déjeuner qui est à emporter - le camion ne pouvant pas accéder au point de pique-nique.
Départ. Pas de pluie, il fait bon, vent léger. On marche un bon quart d'heure, en contemplant la vallée à gauche, puis on s'arrête pour resangler et monter à cheval.
Une jolie étape nous mène à travers les villages, les cultures verdoyantes, les arbres fruitiers. Beaucoup de noyers, Abdou nous explique qu'ils ne poussent que là où il y a des sources; s'il y a des noyers, c'est qu'il y a de l'eau. Aman en berbère, l'eau, et Ma en arabe. Mot essentiel : l'eau et le pain sont les deux premiers mots qu'Abdou a appris en arabe.
Nous passons le col de Tizi n' Sagdel (1700m.)
A midi, après avoir traversé un village de nous nous arrêtons pour pique-niquer au bord d'un champ. Il est nu, Nicole nous explique que des
pommes de terre y poussent, leur cycle est de 100 jours et elles ont été plantées après la récolte de l'orge au même endroit. Les deux cultures sont complémentaires.
Cheb est laissé en liberté, puisqu'il ne va jamais agacer ses camarades, mais se contente de chercher tout ce qui se croque et se grignote. Nous nous installons à l'ombre d'un arbre pour casser la croute. Les salades en boites plastique, les sardines à la tomate, le riz, les pommes petites et parfumées, on organise le service et pendant quelques minutes le cliquetis des fourchettes sur les assiettes de métal ponctue le silence de la vallée.
Sous nos yeux, la vallée d'Inezern est un tableau charmant : le tapis de carrés jaunes et verts, les villages bruns, rouges, les mules blanches qui traversent au petit trot un chemin, la mosquée minuscule mais très visible par sa couleur&
On se lave les mains dans la seguia (canal d'irrigation, targa en berbère); les enfants du village nous observent, juste derrière. Au dessert, surprise, un habitant apporte un panier qui contient du pain frais, pain de maïs sans doute, et du thé. Abdou a-t-il passé commande, ou est-ce spontané ? Dans les deux cas c'est bien agréable.
Quelques séances de caresses à nos chevaux et nous repartons déjà. Le rythme de la Traversée est tonique, d'autant que nous ne sommes que 4 cavaliers, ce qui réduit considérablement le temps de la douche, des repas, des pansages etc.
L'après-midi, nous traversons la vallée d'Inezern et ses cultures multiples. Le vent souffle, les nuages gris menaçent mais toujours pas de pluie. Nous sommes pourtant prêts à dégainer les cirés !
Nous redescendons vers l'Oued n Zat. De nombreux raccourcis dans le maquis pierreux, c'est notre jeu du jour !
Nous retrouvons le camion, la tente, et l'équipe d'assistance, sur un terrain au-dessus de l'oued, à proximité de Souk el Arba n Tighedouine& c'est-à-dire le village où le souk a lieu le Mercredi, c'est-à-dire demain ! Nous profiterons donc de l'animation du souk en quittant les lieux. Nous sommes ici à 1200 m d'altitude, on voit l'oued n Zat en contrebas, on l'entend même. Abdou nous parle d'une source curative, à Talaïnt, pas loin. Les gens font des kilomètres pour y chercher la guérison.
Les chevaux se reposent dans une grande clairière, attachés à des buissons plus ou moins piquants.
La nuit nous enveloppe, étoilée, on se regroupe près de la tente et du camion pour les préparatifs du dîner. Abdeslem se met à chanter, Oudaden, Izenzarn, son répertoire de prédilection; certains l'accompagnent, de la voix, des mains ou du jerrican, le bidou, qui fait une très bonne basse.
On danse, on imite les styles de différentes régions, Dakhla le cuisinier de Sidi Flah qui bouge juste les épaules et tourne la tête à droite et à gauche, Ibrahim de la région des cascades d'Ouzoud qui renverse la tête en arrière et, les yeux fermés, comme en transe, frappe dans ses mains à hauteur du menton dans décoller les deux poignets& les absents ont toujours tort, et tout le monde est mort de rire. Afouss, afouss, "les mains les mains", frappe dans tes mains !
Les berbères du coin, qui passent à dos de mules, s'en amusent.
Un cours d'anglais avant dormir, et Morphée emporte la petite troupe, au pas au trot au galop dans les étoiles sans nuages&